Politis, 27 avril 2017
Le plan de relance aurait créé trois millions d’emplois utiles.
Le spectre d’une insoumission de la France a hanté l’Europe. Un véritable peloton d’exécution s’est formé pour faire feu sur le programme de Jean-Luc Mélenchon : les plumes acerbes du Figaro et de la presse quotidienne, les voix autorisées de la radio publique, le prix Nobel Jean Tirole, le rédacteur en chef d’Alternatives économiques. Ils ont accusé d’irresponsabilité un programme suspecté de creuser l’endettement et de provoquer une hausse des taux d’intérêt. Ils ont fustigé la hausse des salaires, présumée entraîner dégradation de la compétitivité et destructions d’emplois. Ces mercenaires et idiots utiles ont tort.
Le plan de relance de 273 milliards de dépenses utiles sur cinq ans aurait provoqué un effet bénéfique sur l’activité utile. Développant la transition écologique, les services publics et la sécurité sociale intégrale, cette politique aurait créé 3 millions d’emplois. Elle était d’autant plus crédible que le budget de fonctionnement et les comptes de la sécurité sociale auraient été excédentaires, compte tenu de la révolution fiscale envisagée. L’emprunt se limitait à financer le plan d’investissement. Le déficit budgétaire prévu était en moyenne de 3,5% du PIB, comparable à ce qu’il fut au cours du quinquennat passé. Le déficit public et le taux d’endettement auraient même décru, compte tenu des excédents primaires, engendrées par la reprise. Il n’y avait donc aucune raison économique pour que les taux d’intérêt se tendent.
La contrainte extérieure avait été parfaitement intégrée dans le calcul du multiplicateur (dont la valeur modérée retenue tenait compte du déficit extérieur prévisible). La hausse de 15% du salaire minimum aurait-elle été nuisible à la compétitivité ? Favorable au pouvoir d’achat, elle aurait exercé un effet accélérateur sur l’investissement des entreprises. Les TPE-PME auraient absorbé « le choc » grâce, entre autres, à une baisse de 8 points de l’impôt sur les sociétés, abaissé à 25%. La thèse extrêmement controversée de l’excès du coût du travail ne tient plus dès lors que 85% des bénéfices net sont reversés sous forme de dividendes et n’alimentent ni l’investissement, ni l’emploi. La hausse de 3 points de la taxation des bénéfices non réinvestis et le maintien des actions dans l’assiette de l’ISF avaient pour vocation « d’euthanasier la rente ». Enfin, le retour vers le plein-emploi se serait accompagné, en raison de la relance de la demande et de la hausse des salaires, d’une légère reprise de l’inflation qui aurait permis d’alléger le poids de la dette privée et publique.
La politique proposée nécessitait évidemment de modifier les textes européens pour que les Etats de la zone euro puisse « s’ajuster » autrement que par l’austérité budgétaire et salariale, à l’origine de la menace déflationniste. Comme elle l’a fait pour l’Espagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie et le Portugal, la BCE aurait eu tout intérêt à activer son programme de rachat de titres sur le marché secondaire pour détendre les conditions d’émission des bons du trésor sur le marché primaire en cas de tensions. Nos partenaires avaient intérêt à militer avec la France en faveur d’une modification de ses statuts, d’une remise en cause du pacte de stabilité et de croissance, d’une harmonisation sociale et fiscale et d’un protectionnisme européen.
Ce programme cohérent et pertinent avait reçu l’appui de 162 économistes renommés du monde entier, parmi lesquels Marc Lavoie, Amit Badhuri, Steve Keen, Stephen Marglin, Malcolm Sawyer, Engelbert Stokhammer. Dommage !
Liêm Hoang Ngoc (Responsable de l’économie dans l’équipe de campagne de la France insoumise)
Merci Liem, c’est pourtant tellement évident. Mais l’évidence est vue comme « irréelle » et l’insécurité sociale comme « évidente » et donc le néolibéralisme l’emporte en nous reléguant (pour l’instant) aux rangs de « réveurs », pire de « communistes », nom très sal dans leurs bouches.
inéluctable nous devrons en venir à un avenir plus cohérent pour tous et pour notre planète
Un constat lucide: des solutions raisonnées
Nous pourrons les mettre en place quand nous serons au gouvernement.
Liêm, ne parles pas au passé mais au futur…
On ne lache pas maintenant qu’on a La dynamique
Bonjour
C’est très juste et très dommage, j’ai été sidérée
de cette violence et j ai compris la puissance
le pouvoir incroyable qu on ceux qui détiennent tout et de ceux qui sont les les soutiennent . Heureusement que la FI a pris le créneau des réseaux sociaux car sinon on ne tenait pas.
Peut être avons nous sous -estime leur puissance.
Je ne sais pas. En tout cas merci pour votre cohérence et votre manière d expliquer l économie
que ce ne sera pas simple